brief

Économie du printemps arabe

De la révolution à la transformation et la sécurité alimentaire
by Clemens Breisinger,
Olivier Ecker and
Perrihan Al-Riffai
Open Access

Rares sont les observateurs qui auraient pu prédire les changements dramatiques survenus dans le monde arabe au cours des derniers mois. Les gouvernements arabes semblaient exercer un contrôle absolu et, au cours des dernières années, la croissance de nombreuses économies arabes était égale ou supérieure à la moyenne mondiale. Entre 2005 et 2010, les taux de croissance annuelle de l’Égypte, de la Jordanie, du Liban, d’Oman et du Soudan étaient en moyenne supérieurs à 6 pour cent et d’environ 5 pour cent en Syrie, Tunisie et Libye. Les taux de pauvreté officiels de la plupart des pays arabes sont inférieurs à ceux de nombreux pays d’Asie et d’Amérique latine.

Les experts avaient cependant depuis longtemps identifié la lenteur des progrès dans la diversification économique et la création d’emplois ainsi que les inégalités sociales et l’insécurité alimentaire persistante comme étant des défis majeurs pour le développement des pays arabes. Ces facteurs et, plus généralement, le mécontentement des populations par rapport à leurs conditions de vie ont-ils contribué aux récents soulèvements ? À première vue, la tournure soudaine des événements ainsi que l’insuffisance de l’étendue, de la qualité et de la disponibilité des données dans le monde arabe nous gênent à répondre à cette question. En allant au-delà des données plus conventionnelles, cette note donne une idée du rôle potentiel de l’économie dans les soulèvements actuels. Elle passe également en revue les principales réponses politiques des gouvernements arabes et raconte le nouveau récit d’un développement arabe basé sur une transformation économique inclusive, la sécurité alimentaire et la prise de décision.